Coronavirus et jeux-vidéo: Quel impact en bourse ?

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Comme tous les secteurs économiques, celui du jeu-vidéo aura connu en Bourse de grandes fluctuations à l'occasion de cette crise sanitaire. Cependant, les consommateurs confinés se sont rabattus sur les produits digitaux pour assouvir leur besoin en divertissement.

Les jeux-vidéo, auparavant une activité controversée sur fond d'activisme anti-violence, deviennent aujourd'hui une salvation encensée par la presse et le corps des médecins. 

 

Une réaction boursière d'abord négative

Les valeurs du secteur vidéoludique ont dans un premier temps subi de plein fouet les perturbations boursières, dès le « lundi noir » du 9 mars 2020. La plupart des indices mondiaux ont dramatiquement chuté: Le CAC 40 a abandonné 8,39% de sa valeur en une seule séance, tandis que le Nasdaq a cédé 4,75%.

Les valeurs du secteur n'ont pas été épargnées par l'effet d'entraînement des indices début mars. Les ventes furent massives dans tous les compartiments des places de marché. 

Certes, le monde du jeu-vidéo n'était pas sans susciter de vives craintes pour les investisseurs. Comment de telles sociétés pouvaient-elles maintenir leurs cycles productifs et créatifs dans un contexte de crise sanitaire ? Les calendriers de « lancement » de nouveaux produits allaient nécessairement en pâtir. 

En outre, les grands rassemblements vidéoludique comme le salon de l'E3 2020, ont été annulés. Les boutiques « physiques », jugées non essentielles, ont été fermées, notamment celles de la franchise Micromania. 

Bigben Interactive devait introduire sur Euronext, début mars, une société « spin-off » dédiée à l'activité d'accessoires de gaming. Cette introduction en Bourse d'Euronext, réalisée avec succès, aura débouché sur un début mars mitigé avec presque 40% de pertes sur cette valeur au 16 mars. La valeur s'est depuis ressaisie...

 

Un secteur appelé à résister

En période de crise sanitaire, le secteur du jeux vidéo a bien résisté. Alors qu'entre le 6 mars et le 20 mars, EA Games a cédé environ 21% de sa valeur boursière - ce qui est déjà une performance honorable dans ce contexte -, le titre américain côté au Nasdaq connaît un retournement de situation impressionnant fin mars. Entre cette date et le 17 avril, EA Games a regagné environ 32 % et affiche une valeur supérieure à celle antérieure à la crise. 

En France, Ubisoft regagne depuis le 20 mars près de 19%, pour coter à 70 euros, un niveau qui n'est pas inhabituel pour le titre. Toutefois, c'est bien le titre Atari qui connaîtra le plus gros rebond. Entre le 16 mars et le 17 avril, la valeur a gagné 61%, les investisseurs passant du désespoir le plus complet à l'euphorie avec notamment l'entrée au capital de Wade J. Rosen comme nouvel actionnaire et président du Conseil d'administration. 

Ainsi, l'élan initié le 20 mars 2020 a offert aux investisseurs un vrai marché bull « parallèle », faisant partie des rares secteurs tirant les indices vers le haut dans un contexte baissier. Il est dans la continuité des chiffres globalement positifs de l'année 2019. 

 

Changement des habitudes et recommandations de l'OMS

Cet élan ne s'est pas tari lorsque l'OMS a changé radicalement sa position en matière de jeux-vidéo. Autrefois décriée comme une addiction de l'ordre de la pathologie, cette activité est désormais encouragée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis le 30 mars. Elle permettrait de maintenir son niveau de concentration et de s'occuper dans un contexte de distanciation sociale. 

Le secteur n'a pas attendu ces recommandations du monde de la santé pour afficher des chiffres en hausse. Steam, la plateforme de jeux-vidéo dématérialisée, a annoncé une hausse exponentielle du nombre des téléchargements en l'espace de quelques jours. 

Nonobstant les équipements et accessoires, les canaux de distributions de jeux-vidéo sont essentiellement digitaux, une situation largement compatible avec le confinement et permettant aux géants du secteur de faire fructifier davantage leur catalogue existant. 

 

Quel devenir en période de confinement ? 

Dans un contexte de confinement, la bourse devrait logiquement mettre en avant les groupes avec le catalogue existant le plus important.

En effet, si les lancements de nouveaux titres ou franchises vidéoludiques devaient tarder à reprendre leurs cycles normaux, seuls les titres existants supporteront la croissance de ces sociétés. Dans ce contexte, des géants comme Ubisoft ou EA Games se trouveraient avantagés. 

Les petites entités peuvent aussi tirer leur épingle du jeu, en connaissant des croissances olympiques et une exposition largement inhabituelle pour des titres plus « confidentiels », moins connus du grand public. A condition, justement, qu'ils puissent reprendre rapidement un cycle de production normal pour soutenir la croissance future. 

 

Quel avenir après le confinement ? 

Vient la question, presque ontologique, de la continuité de ces hausses. Un fort effet de rattrapage risque de se faire ressentir, lorsque le confinement sera progressivement levé. Théoriquement, le secteur connaîtra une bascule depuis le digital vers le hardware: Les joueurs s'intéresseront davantage aux équipements et aux accessoires, en réalisant les achats qu'ils ont repoussé en raison du confinement sanitaire. 

Les ventes de jeux-vidéo devraient alors largement diminuer, en raison de la rareté des nouvelles entrées aux catalogues. La capacité à lancer rapidement des campagnes marketing dès la fin du mois de mai sera salutaire pour les studios de développement et les éditeurs.  

En d'autres termes, si ce marché propose encore de belles perspectives, la forte volatilité des titres comme Atari doivent appeler à beaucoup de prudence dans l'approche de ce secteur, très impacté par les développements de la crise sanitaire.  

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